Le 31 mai dernier a été officiellement lancé la concertation nationale sur la réforme de l'enseignement supérieur.
Aujourd'hui confrontée à des problèmes de structure et de pilotage, l'université française a besoin d'une refondation profonde. L'heure de l'action est venue : replacer l'université au cœur de l'ambition nationale est une impérieuse nécessité.
L'université doit être armée pour entrer de plain-pied dans le XXIe siècle, marqué par une concurrence accrue dans le domaine de l'innovation, des savoirs et de la qualification, par la bataille mondiale de l'intelligence, par la révolution numérique et l'« aplatissement du monde » théorisé par Thomas Friedman.
L'université française doit offrir une formation de qualité et une qualification pour aider le million et demi d'étudiants qu'elle compte à construire leur vie. Ouverte mais exigeante, elle doit être un lieu d'excellence où sont réunies toutes les conditions de la réussite.
La nouvelle université doit se construire sur le socle d'une autonomie réelle autour de cinq piliers.
- Premièrement, des conditions de vie qui permettent à tous nos jeunes de réussir leurs études. Aujourd'hui complexe et illisible, le système des aides sociales étudiantes doit être corrigé. La question des conditions de l'accès au parc de logement privé pour les étudiants sera également revue. Enfin, des mesures concernant la santé des étudiants, la prévention et l'accessibilité des bâtiments et des logements aux personnes handicapées, seront prises rapidement.
- Deuxièmement, des carrières plus attractives pour tous les personnels de l'université. La situation des enseignants-chercheurs et de l'ensemble des personnels de l'université sera débattue.
- Troisièmement, pour tous, des conditions matérielles de travail dignes de la mission que la nation leur confie, avec la mise en œuvre d'une véritable politique immobilière et d'aménagement de nos campus universitaires.
- Quatrièmement, un statut des jeunes chercheurs et des enseignants-chercheurs qui soit à la hauteur des enjeux de la recherche internationale. En poursuivant l'action engagée grâce au Pacte pour la recherche, il est nécessaire d'attirer les meilleurs éléments d'une génération vers les métiers de la créativité, notamment en favorisant la mobilité.
- Enfin, une action ambitieuse doit être menée s'agissant de la réussite des étudiants en licence.
La sélection à l'entrée de l'université ne saurait être compatible avec le respect de l'égalité des chances ; en revanche, le système d'orientation doit être substantiellement renforcé. La licence universitaire, en outre, doit offrir de réels parcours d'insertion pluridisciplinaires.
Si elle est nécessaire, l'autonomie des universités ne saurait être suffisante. Les universités doivent être dotées d'une capacité d'action plus forte, d'une souplesse et d'une réactivité accrue.
L'État s'est engagé à accompagner la réforme de l'université au titre d'une augmentation du budget de 50 % en cinq ans. Il s'agit d'un effort inédit consenti par la nation tout entière.
Trois groupes de travail chargés respectivement des questions de la gouvernance universitaire, du périmètre de l'autonomie des universités et des modalités d'accompagnement et de suivi de la mise en place de la réforme rendront la synthèse de leurs débats le 22 juin prochain.
La discussion sur le projet de loi relatif à la gouvernance et l'autonomie des universités interviendra dès l'été 2007.
Patrice Vuillard
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